Augmentation des nuisances à l'Est de Lyon

Michel LAPLACE
Thématique : L'utilité et les alternatives du projet
Date de création : lundi 16 août 08:35
Dès septembre 2020, Richard Horton (rédacteur en chef du journal médical The Lancet ), constate que le virus du Covid-19 a pu se diffuser avec une telle virulence du fait de nombreux autres facteurs pathologiques affectant la santé humaine de manière structurelle.

Parmi ces facteurs pathologiques, les inégalités sociales et socio-territoriales sont régulièrement mises en exergue par les études scientifiques.

A titre d’exemple, on peut citer les travaux des chercheurs du Laboratoire Economix (CNRS – Université de Nanterre) qui ont mis en évidence une «…influence positive significative de la densité de population, de la part d’ouvriers dans la population active et des écarts de niveau de vie » sur la prévalence et les conséquences de l’épidémie de Covid 19 dans les départements français.
https://economix.fr/fr/covid-19/covid-19-analyse-spatiale-de-linfluence-des-facteurs-socio-economiques-sur-la-prevalence-et-les-consequences-de-lepidemie-dans-les-departements-francais
De même, dans une étude de la DREES, publiée en juillet 2020, consacrée aux inégalités sociales face à l’épidémie de Covid-19, les auteurs constataient que « Dans les communes les plus socialement défavorisées, la part des résidents pris en charge pour une pathologie aggravante est de 16 % alors qu’elle n’est que de 13 % dans les communes les plus favorisées. Ce gradient est le même en prenant en compte aussi l’âge comme facteur de risque. »
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/les-dossiers-de-la-drees/les-inegalites-sociales-face-lepidemie-de-covid-19-etat-des

De son côté, le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE (ANSM et CNAM) qui a réalisé une analyse quasi-exhaustive des données de la population française partage le même constat : « L’étude montre que le lien entre indice de défavorisation et risque de formes graves de Covid-19 (hospitalisation avec Covid-19 ou décès) est fort chez les personnes de moins de 80 ans, avec un risque de décès multiplié par deux chez les plus défavorisés par rapport aux plus favorisés. »
https://www.epi-phare.fr/rapports-detudes-et-publications/covid-19-facteurs-risques/
Plus généralement, les études de l’INSEE montrent de façon constante que « l’état de santé dépend ainsi de la catégorie socioprofessionnelle. C’est le cas en particulier des maladies chroniques.
Si 38 % des Français déclarent en 2015 être atteints d’un problème de santé chronique ou de caractère durable, cette proportion varie de 31 % parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures, à un peu plus de 40 % parmi les ouvriers et employés ». Or, ce sont bien les personnes atteintes de maladies chroniques qui sont les plus vulnérables aux agressions externes, comme l’a montré l’épidémie de Covid-19.
Comme on peut le constater, ces inégalités médicales, sociales, territoriales, professionnelles, etc. interagissent les unes avec les autres, et sont cumulatives.
Par ailleurs, dans sa dernière analyse relative à la précarité dans le Grand Lyon, l’INSEE observe que « Les communes où les populations sont les plus précaires restent principalement celles de premières couronnes de l'est et du sud lyonnais, en lien, entre autres, avec la forte concentration de logements sociaux que l'on y trouve. Les populations des communes de l'ouest lyonnais sont le moins touchées par la précarité sociale ».
https://www.insee.fr/fr/statistiques/1285700
De ces différentes études - dont les résultats convergent -, on peut déduire que les travaux envisagés pour l’A 46 Sud (passage à 2 fois 3 voies, et aménagement du shunt de Manissieux) auront pour effet de dégrader le cadre de vie et d’aggraver les expositions environnementales des populations de la Métropole de Lyon qui sont les plus fragilisées et vulnérables (notamment aux maladies infectieuses comme la Covid-19).
Dès lors, comment l’État - qui est garant du principe constitutionnel d’égalité entre les territoires - peut-il porter un projet qui conduira à augmenter les nuisances à l’Est de la Métropole lyonnaise ?
Merci pour votre réponse.

Réponse

Bonjour,

Nous vous remercions de votre question.

Retrouver de la fluidité et renforcer la sécurité et la fiabilité des mobilités dans le Sud-Est lyonnais sont des objectifs forts, partagés par les acteurs locaux et usagers de la route. En ce sens, une solution rapide, efficace et de moindres incidences environnementales et foncières apparaît nécessaire. C’est pourquoi, l’État et ASF considèrent l’optimisation de l’A46 Sud, qui avait été conçue élargissable à 2×3 voies dès sa construction, ainsi que l’aménagement du noeud de Manissieux, comme le projet le plus adapté pour répondre aux problèmes actuels et aux enjeux du trafic à court et moyen termes. Ces éléments sont précisés pages 74 et 75 du dossier de concertation.

Concernant les impacts du projet en particulier sur la thématique de la qualité de l’air, à l’issue de la concertation, le programme éventuellement retenu fera l’objet d’études d’impact détaillant les effets du projet sur l’ensemble de l’environnement autour de l’A46 Sud (bruit, air, eau, faune, flore, paysage, agriculture, …). Sur la base de ces études, le maître d’ouvrage mettra en place les dispositions techniques nécessaires pour assurer l’intégration du projet sur ces thématiques.

Cordialement,

L’équipe projet A46 Sud