Le relais a bien été transmis

Quand la Rocade des Villages fut construite, cette autoroute qui pour beaucoup d'élus des banlieues Est ne devait avoir comme vocation que l'amélioration de la desserte routière de leurs communes ( il avait fallu en convaincre Monsieur Poperen ! ), je présidais, en qualité de Premier-Vice Président de l'Assemblée Départementale, la Commission Mixte ( 5 membres du Conseil Général - 5 membres de la Courly) qui programmait et soumettait aux 2 assemblées tous les grands investissements routiers de l'agglomération lyonnaise. Nous avons ainsi programmé non seulement la future A46 mais aussi le Boulevard urbain sud (BUS) , le Boulevard du Valvert à Tassin ( le Valvert, c'était son nom à cette époque ), la liaison les 7 chemins - Pierre Bénite dans le Sud Ouest de l'agglomération, le viaduc de Sermenaz pour lier le Nord du Boulevard Laurent Bonnevay à l'autoroute A6 et beaucoup d'autres programmes de moindre importance mais dépassant tous les 20 à 30 millions de francs, qui ont profondément changés la circulation routière sur toutes les communes périphériques de Lyon. Mais indubitablement de toutes nos réalisations, la plus importante fut la réalisation du contournement Est de Lyon depuis Anse jusqu'à Givors. C'est le seul projet qui dépassait nettement les capacités financières ( pourtant importantes à cette époque ) de nos 2 collectivités, Conseil Général et Courly. Aussi, pour trouver une solution à ce grave problème , j'ai alors demandé en qualité de Président de la Commission Mixte un RV au Ministre de l'Equipement, Monsieur Maurice Faure. Le Président de la Région et plusieurs membres de la commission mixte m'ont accompagné lors de cette rencontre. Le Ministre nous a accueilli avec sa faconde habituelle ( c'était un élu du Lot ! ) mais ne nous a pas caché, comme l'aurait fait tout autre Ministre, qu'il n'avait pas un sou pour nous aider. Pendant de longues minutes nous avons examiné, avec le Ministre, toutes les hypothèses qui nous auraient permis éventuellement de trouver quelques financements. Mais rien de substantiel n'apparaissait pour trouver ce financement. Alors, sans l'avoir préparé, j'ai fait une proposition au Ministre. Ce futur ouvrage Anse-Givors allait substantiellement améliorer la vie des utilisateurs des autoroutes, qu'ils viennent de Paris, de Marseille, de Grenoble ou de Genève car ils n'auraient plus à traverser Lyon avec son tunnel de Fourvière... Aussi, ne serait-il pas normal que tous ces utilisateurs des autoroutes versent une petite obole à l'effort public en réglant leurs péages à Anse, à Vienne, à l'Ile d'Abeau et au péage de l'autoroute de Genève. Maurice Faure ainsi que les autres personnes présentes ont adhéré à cette idée. Après une brève discussion il fût décidé d'ajouter 1 franc pour chaque facture de péage. Cela a permis, de façon indolore, à compléter le financement de ce grand ouvrage. Si ce jour là nous n'avions pas trouvé une solution, il était à craindre que ce parcours essentiel pour l'avenir de l'agglomération ne voit pas le jour et que nous revenions alors à notre Rocade des Villages. Mais nous n'avons pas tiré gloire de cette innovation car dès l'année suivante la Cour des Comptes a signifié au Ministre que s'il tolérait la décision prise pour le contournement de Lyon, il ne fallait pas qu'il recommence. C'est dommage car c'était une façon non douloureuse de faire prendre en charge, à un niveau peu élevé, un grand investissement public par ses utilisateurs.
Je me permets d'intervenir aujourd'hui dans la concertation de votre projet de porter à trois voies la section Sud de l'A46, c'est parce que un passage de votre consultation m'a spécialement marqué. A un endroit de votre texte vous dites " les ouvrages d'art sont déjà au gabarit et les emprises foncières disponibles également pour la plupart " . Sans que vous en ayez compte c'est un véritable hommage que vous adressez ainsi à notre commission mixte de programmation routière des infrastructures lyonnaises pour une décision prise il y a plusieurs décennies. Dès le départ j'avais demandé à Monsieur Winghart, le DDE et à ses ingénieurs polytechniciens ( ils étaient nombreux alors) de prévoir tous les ouvrages et toutes les réserves foncières pour une future 3 ° voie. Ce sont des millions d'euros et des discussions toujours pénibles avec les propriétaires que n'ont pas à prendre en charge les investisseurs actuels. J'ai toujours appliqué ces vues prospectives sur tous les grands travaux routiers de l'agglomération lyonnaise. Ainsi, j'ai remarqué que le grand ouvrage que j'avais fait réalisé sous la Nationale 6 quand nous avons créé la liaison entre la Tour de Salvagny et l'autoroute A6 ( avec malheureusement une trop longue attente pour terminer cette liaison) a été utilisé sans la moindre modification lors de la construction récente de l'A 89.
J'adresse donc à la Société des Autoroutes du Sud de la France un grand Merci, pour l'hommage qu'ils ont adressés, sans le vouloir certainement, à la Commission qui il y a plusieurs décennies, a programmé tous ces grands travaux qui ont totalement changé les structures routières du Département du Rhone.
Bien Cordialement
René TREGOUET
Sénateur Honoraire
Ancien Premier Vice-Président du Département du Rhone
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Rédacteur en Chef de RT Flash
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