Projets arrêtés, annulés, reportés. Les coûts et les conséquences
Bonjour,
Le projet d'élargissement de l'A46 Sud et de l'aménagement du nœud de Manissieux est le résultat de nombreuses années de tergiversations, de renoncements, de décisions arbitraires et/ou aberrantes de nos décideurs politiques.
Il faut se rendre à l'évidence, tout ceci n'est que politique.
Abordons les sujets qui fâchent : Le scandale de l'écotaxe.
Votée en 2009 à l’unanimité par la gauche et la droite, l'écotaxe prévoyait de taxer les poids lourds de plus de 3,5 tonnes empruntant les 15 000 km d'autoroutes gratuites et de routes nationales. Elle était censée s'appliquer dès 2011, puis à l'été 2012, avant d'être encore repoussée sous le quinquennat de François Hollande, au 1er juillet 2013 d'abord, puis au 1er octobre, puis enfin, au 1er janvier 2014. Mais elle a été suspendue en novembre 2016.
Une fois à l’Elysée, François Hollande doit faire face à la révolte des Bonnets rouges sur fond de ras-le-bol fiscal. La taxe poids lourds sera suspendue, puis abandonnée. Discrètement voté dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 novembre 2017, à l’Assemblée nationale, un amendement socialiste au projet de loi de finances 2017 , soutenu par le gouvernement, a supprimé définitivement l'existence législative de la taxation des poids lourds.
L'écotaxe poids lourds était la déclinaison de la directive européenne "Eurovignettes" de 1999 , destinée à externaliser et réduire les impacts environnementaux du transport routier, tout en favorisant, notamment, le développement du fret ferroviaire.
L’écotaxe devait aussi servir à renflouer les caisses de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), à hauteur de 450 millions d'euros par an. L'AFITF supervise et finance les grands projets routiers ou ferroviaires dans notre pays. Mais la nouvelle taxe sur le diesel, qui rapporte un peu plus d’un milliard par an, ne va pas en totalité dans ses caisses, contrairement à ce qui était prévu avec l’impôt sur les poids lourds.
L'Écotaxe devait rapporter près de 10 milliards d'euros sur 10 ans. Pour compenser l’abandon de l’écotaxe, Ségolène Royale a choisi d'augmenter la fiscalité sur le diesel : plus deux centimes par litre pour les particuliers, 4 centimes pour le transport routier. Résultat : selon la Cour des comptes, aujourd'hui, les particuliers contribuent plus que les professionnels. L'abandon de ce projet a également des conséquences sociales. 210 salariés avaient été recrutés, tous ont été licenciés.
Un choix qui n’est pas juste selon la Cour des comptes : "L'écotaxe devait peser sur les poids lourds étrangers circulant en France à hauteur de 31%", explique le rapport. "La compensation de son abandon par un relèvement de la taxe par le diesel ramène cette contribution à 2% et fait donc supporter cet abandon par les poids lourds français et les automobilistes à hauteur de 98%?"
Les conséquences sur le développement du transport ferroviaire sont très concrètes.
Plus généralement, Dominique Bussereau se dit très inquiet pour l’avenir des grands projets en matière de transport. Quant à l'avenir de certaines routes nationales et départementales qui ont besoin d'être rénovées, Philippe Duron, membre du Parti socialiste, n'est pas très optimiste : "Il y a une dégradation des chaussées et des ouvrages d’art. L’État ne met plus assez d’argent. Il faudrait au moins 500 millions d’euros par an pour rénover nos routes. Or, l’État n’en met que 350." La faute, estiment ces deux députés, à l’abandon de l’écotaxe sur les poids lourds.
En reprenant sa parole, l'Etat s'est privé de 10 milliards d'euros pour financer ses routes et ses transports en commun. De plus, il doit rembourser Ecomouv', la société chargée de percevoir cette taxe, pour 957 millions d'euros et il a engagé 70 millions d'euros de dépenses dans les administrations des douanes et des transports… pour rien.
La fronde des Bonnets rouges avait fait plier le gouvernement en 2013.
C'était sans compter sur la forte mobilisation des transporteurs routiers. Alors que les portiques écotaxe étaient déjà installés par la société franco-italienne Ecomouv' partout en France, la colère contre cet impôt enfle durant l'été 2013 : portiques incendiés et sabotés, multiplication des manifestations…
La fin de l’écotaxe n’est pas la fin de la fiscalité écologique, bien au contraire. La France reste en retard en ce domaine sur ses voisins européens : avec seulement 4,5 % de ses prélèvements liés à l’environnement, elle est loin de la moyenne de l’Union (6,3 %).
L' écotaxe poids-lourds dans d'autres pays
Il existe huit pays ou l'écotaxe poids-lourds est appliquée en Europe. Suisse, Belgique, Allemagne, Autriche, Slovaquie, République tchèque, Pologne et Portugal.
Le premier pays qui a adopté l'écotaxe, c'est la Suisse, dès 2001. Les Suisses en avaient assez de voir les poids-lourds européens traverser leurs vallées et répandre leur pollution. Donc, ils ont lancé l'écotaxe sur tous les camions de plus de 3,5 tonnes.
Boitier et portiques sont installés. Plus on pollue plus on paie. Résultat, moins de poids-lourds en circulation, moins de poids- lourds circulant à vide, moins de poids-lourds polluants. La taxe rapporte 1,2 milliards d'euros par an. La plupart de l'argent récolté va aux infrastructures ferroviaires.
Sources :
www.francetvinfo.fr/economie/transports/ecotaxe/le-scandale-de-l-ecotaxe-un-echec-de-10-milliards-d-euros_2206638.html
www.sudouest.fr/environnement/enterrement-de-l-ecotaxe-les-dessous-et-la-note-salee-d-un-abandon-definitif-3569389.php
Conclusion : L'Etat, à cause de laxisme, de mauvaises décisions ne peut plus mettre en place une politique ambitieuse de gestion des transports et délègue (ASF). Pour les citoyens de seconde zone, Saint-Priest en fait partie, les projets à moindre coût et imposés par des études « fumeuses » feront l'affaire.
La fin de l'écotaxe montre que par la violence, on peut arriver à ses fins. Espérons que le bon sens l'emportera.
Le projet d'élargissement de l'A46 Sud et de l'aménagement du nœud de Manissieux est le résultat de nombreuses années de tergiversations, de renoncements, de décisions arbitraires et/ou aberrantes de nos décideurs politiques.
Il faut se rendre à l'évidence, tout ceci n'est que politique.
Abordons les sujets qui fâchent : Le scandale de l'écotaxe.
Votée en 2009 à l’unanimité par la gauche et la droite, l'écotaxe prévoyait de taxer les poids lourds de plus de 3,5 tonnes empruntant les 15 000 km d'autoroutes gratuites et de routes nationales. Elle était censée s'appliquer dès 2011, puis à l'été 2012, avant d'être encore repoussée sous le quinquennat de François Hollande, au 1er juillet 2013 d'abord, puis au 1er octobre, puis enfin, au 1er janvier 2014. Mais elle a été suspendue en novembre 2016.
Une fois à l’Elysée, François Hollande doit faire face à la révolte des Bonnets rouges sur fond de ras-le-bol fiscal. La taxe poids lourds sera suspendue, puis abandonnée. Discrètement voté dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 novembre 2017, à l’Assemblée nationale, un amendement socialiste au projet de loi de finances 2017 , soutenu par le gouvernement, a supprimé définitivement l'existence législative de la taxation des poids lourds.
L'écotaxe poids lourds était la déclinaison de la directive européenne "Eurovignettes" de 1999 , destinée à externaliser et réduire les impacts environnementaux du transport routier, tout en favorisant, notamment, le développement du fret ferroviaire.
L’écotaxe devait aussi servir à renflouer les caisses de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), à hauteur de 450 millions d'euros par an. L'AFITF supervise et finance les grands projets routiers ou ferroviaires dans notre pays. Mais la nouvelle taxe sur le diesel, qui rapporte un peu plus d’un milliard par an, ne va pas en totalité dans ses caisses, contrairement à ce qui était prévu avec l’impôt sur les poids lourds.
L'Écotaxe devait rapporter près de 10 milliards d'euros sur 10 ans. Pour compenser l’abandon de l’écotaxe, Ségolène Royale a choisi d'augmenter la fiscalité sur le diesel : plus deux centimes par litre pour les particuliers, 4 centimes pour le transport routier. Résultat : selon la Cour des comptes, aujourd'hui, les particuliers contribuent plus que les professionnels. L'abandon de ce projet a également des conséquences sociales. 210 salariés avaient été recrutés, tous ont été licenciés.
Un choix qui n’est pas juste selon la Cour des comptes : "L'écotaxe devait peser sur les poids lourds étrangers circulant en France à hauteur de 31%", explique le rapport. "La compensation de son abandon par un relèvement de la taxe par le diesel ramène cette contribution à 2% et fait donc supporter cet abandon par les poids lourds français et les automobilistes à hauteur de 98%?"
Les conséquences sur le développement du transport ferroviaire sont très concrètes.
Plus généralement, Dominique Bussereau se dit très inquiet pour l’avenir des grands projets en matière de transport. Quant à l'avenir de certaines routes nationales et départementales qui ont besoin d'être rénovées, Philippe Duron, membre du Parti socialiste, n'est pas très optimiste : "Il y a une dégradation des chaussées et des ouvrages d’art. L’État ne met plus assez d’argent. Il faudrait au moins 500 millions d’euros par an pour rénover nos routes. Or, l’État n’en met que 350." La faute, estiment ces deux députés, à l’abandon de l’écotaxe sur les poids lourds.
En reprenant sa parole, l'Etat s'est privé de 10 milliards d'euros pour financer ses routes et ses transports en commun. De plus, il doit rembourser Ecomouv', la société chargée de percevoir cette taxe, pour 957 millions d'euros et il a engagé 70 millions d'euros de dépenses dans les administrations des douanes et des transports… pour rien.
La fronde des Bonnets rouges avait fait plier le gouvernement en 2013.
C'était sans compter sur la forte mobilisation des transporteurs routiers. Alors que les portiques écotaxe étaient déjà installés par la société franco-italienne Ecomouv' partout en France, la colère contre cet impôt enfle durant l'été 2013 : portiques incendiés et sabotés, multiplication des manifestations…
La fin de l’écotaxe n’est pas la fin de la fiscalité écologique, bien au contraire. La France reste en retard en ce domaine sur ses voisins européens : avec seulement 4,5 % de ses prélèvements liés à l’environnement, elle est loin de la moyenne de l’Union (6,3 %).
L' écotaxe poids-lourds dans d'autres pays
Il existe huit pays ou l'écotaxe poids-lourds est appliquée en Europe. Suisse, Belgique, Allemagne, Autriche, Slovaquie, République tchèque, Pologne et Portugal.
Le premier pays qui a adopté l'écotaxe, c'est la Suisse, dès 2001. Les Suisses en avaient assez de voir les poids-lourds européens traverser leurs vallées et répandre leur pollution. Donc, ils ont lancé l'écotaxe sur tous les camions de plus de 3,5 tonnes.
Boitier et portiques sont installés. Plus on pollue plus on paie. Résultat, moins de poids-lourds en circulation, moins de poids- lourds circulant à vide, moins de poids-lourds polluants. La taxe rapporte 1,2 milliards d'euros par an. La plupart de l'argent récolté va aux infrastructures ferroviaires.
Sources :
www.francetvinfo.fr/economie/transports/ecotaxe/le-scandale-de-l-ecotaxe-un-echec-de-10-milliards-d-euros_2206638.html
www.sudouest.fr/environnement/enterrement-de-l-ecotaxe-les-dessous-et-la-note-salee-d-un-abandon-definitif-3569389.php
Conclusion : L'Etat, à cause de laxisme, de mauvaises décisions ne peut plus mettre en place une politique ambitieuse de gestion des transports et délègue (ASF). Pour les citoyens de seconde zone, Saint-Priest en fait partie, les projets à moindre coût et imposés par des études « fumeuses » feront l'affaire.
La fin de l'écotaxe montre que par la violence, on peut arriver à ses fins. Espérons que le bon sens l'emportera.